Propulsé star mondiale en NBA, Victor Wembanyama incarne une nouvelle ère pour le basket tricolore. Derrière lui, une génération talentueuse pousse et pourrait faire du basket le prochain sport roi en France.
L’effet Wemby : une visibilité mondiale inédite
Victor Wembanyama n’est pas seulement un phénomène physique et technique. Il est devenu, en un an, l’ambassadeur global du basket français. Drafté en première position par les San Antonio Spurs en juin 2023, le jeune intérieur de 2,24 m a marqué les esprits dès sa première saison en NBA. Son jeu spectaculaire, son humilité, sa maturité, son impact défensif et son potentiel illimité ont séduit bien au-delà des États-Unis.
En France, son ascension a eu un effet boule de neige. Les audiences des matchs NBA ont grimpé. Les articles, reportages et vidéos autour de « Wemby » se sont multipliés. Pour la première fois depuis Tony Parker, un joueur français devient une superstar à l’échelle planétaire. Mais à la différence de Parker, Wembanyama arrive dans une époque où les réseaux sociaux, les plateformes de streaming et les médias numériques accélèrent tout. Résultat : le basket français n’a jamais été aussi visible.
Une filière de formation qui produit à la chaîne
Wembanyama n’est pas une exception. Il est le produit d’un système de formation français reconnu dans le monde entier. L’INSEP, les Pôles Espoirs, les clubs de Jeep Élite (devenue Betclic Élite) et les académies privées jouent un rôle majeur dans l’éclosion de talents. Ces dernières années, les draftés français se sont multipliés : Bilal Coulibaly, Rayan Rupert, Ousmane Dieng, Sidy Cissoko, et bientôt Zaccharie Risacher ou Alexandre Sarr.
La France est désormais, avec le Canada, l’un des plus grands réservoirs de jeunes joueurs pour la NBA. Les scouts américains ne s’y trompent pas : ils viennent désormais observer les matchs de championnat U18, assistent aux tournois Espoirs, et suivent les prospects français dès l’âge de 14 ans.
Cette richesse ne tombe pas du ciel. Elle est le fruit d’un travail de long terme, d’une culture technique et collective forte, mais aussi de l’ouverture à des influences variées : le modèle américain, bien sûr, mais aussi la rigueur tactique européenne.
Le basket séduit de plus en plus les jeunes
Dans les cours de récréation, dans les centres urbains, sur les playgrounds, le basket a conquis une place qu’il n’avait pas il y a encore dix ans. Le football reste dominant, mais le basket grignote du terrain. L’image cool, dynamique et inclusive du sport joue un rôle. Le style vestimentaire, la musique rap, les influenceurs sportifs comme TrashTalk ou First Team participent à la popularité du ballon orange.
Le nombre de licenciés à la Fédération française de basket-ball (FFBB) est en constante hausse. En 2024, elle a franchi la barre des 800 000 adhérents, un record historique. Ce boom touche particulièrement les moins de 18 ans, mais aussi le basket féminin, lui aussi boosté par les performances internationales et la médiatisation croissante.
Des programmes comme « Basket École », « FFBB Citoyen » ou les centres Génération Basket ont permis de démocratiser encore davantage la pratique, même dans les quartiers où les infrastructures restent parfois limitées.
Reste à transformer l’essai sur le plan structurel
Mais cette effervescence ne garantit pas pour autant un changement durable. Car si la France regorge de talents, elle peine encore à structurer un championnat domestique suffisamment attractif. La Betclic Élite manque de visibilité, de moyens et de diffusion grand public. Les salles ne sont pas toujours pleines, et les droits télé restent faibles en comparaison du football ou du rugby.
Autre défi : garder les jeunes talents un peu plus longtemps avant leur exode. Aujourd’hui, beaucoup de prospects s’envolent très tôt vers les États-Unis ou l’Australie. Créer un environnement professionnel plus stable, mieux rémunéré, plus médiatisé, est essentiel pour que le basket français rayonne au-delà de ses stars expatriées.
La question de l’équipe de France se pose aussi. Avec Wembanyama, Gobert, Fournier, Coulibaly et consorts, les Bleus ont un potentiel immense. Mais encore faut-il transformer cette richesse en titre.
Un virage à ne pas manquer
La génération Wembanyama peut tout changer. Elle peut donner au basket une stature nouvelle en France, comparable à celle qu’il a aux États-Unis ou en Serbie. Mais pour cela, il faudra des investissements, de la vision et une vraie ambition politique et médiatique. Le basket français a souvent flirté avec les sommets sans jamais les dominer durablement. Cette fois, la fenêtre est grande ouverte. À condition de ne pas laisser passer la balle.