Sous pression face à une situation financière alarmante, des sanctions en vue et une qualification européenne compromise, l’OL traverse une tempête. Mais à Monaco, John Textor s’est voulu rassurant. Le président-propriétaire du club assure qu’il a les poches pleines et refuse de céder à la panique. Entre promesses fermes, discours offensif et réalité inquiétante, plongée au cœur d’un OL plus que jamais en équilibre instable.
Le feu couve à Lyon, mais John Textor reste imperturbable
Samedi soir à Monaco, dans les couloirs d’un stade Louis-II déserté par la ferveur, le propriétaire de l’Olympique Lyonnais n’a pas fui la confrontation. Bien au contraire. John Textor est allé au-devant de quelques supporters lyonnais présents en Principauté pour assister à une nouvelle désillusion, la défaite 2-0 de leur équipe dans un match charnière pour une place en Ligue des champions. Si sur le terrain les espoirs européens s’amenuisent, en coulisses, les inquiétudes sont d’un tout autre ordre : l’avenir financier du club.
« Vous avez l’argent ? », lui lance un supporter, visiblement excédé par les rumeurs alarmantes qui pleuvent depuis des semaines. Sans sourciller, Textor répond avec aplomb : « Oui, pas d’inquiétude, nous l’avons et nous le dépenserons. Arrêtez de lire la presse. Vous n’avez pas à être inquiets. » Un ton assuré, presque désinvolte, qui tranche avec l’ambiance pesante qui entoure l’OL depuis plusieurs mois.
Un discours de confiance, malgré les signaux au rouge
À ses côtés, un autre fan pousse plus loin la provocation : « Pouvons-nous vous faire confiance ? » Nouveau coup de menton du dirigeant américain : « Oui, vous pouvez. J’ai dépensé 293 millions d’euros depuis que j’ai racheté le club, vous croyez que je vais laisser tomber parce qu’ils nous en demandent 50 ? Tout va bien. »
Une déclaration qui sonne comme un cri de défi lancé à la DNCG et à l’UEFA, alors que le club est interdit de recrutement et rétrogradé à titre conservatoire en France. Du côté de l’Europe, la situation n’est guère plus reluisante : selon L’Équipe, l’Instance de Contrôle Financier des Clubs (ICFC) de l’UEFA serait sur le point de sanctionner l’OL, dont les finances sont jugées préoccupantes. La menace ? Une amende estimée à 10 millions d’euros, un encadrement strict de la masse salariale et un contrôle drastique des transferts.
Des promesses d’argent… qui tardent à se concrétiser
Si John Textor affiche une sérénité à toute épreuve, les chiffres, eux, racontent une autre histoire. Le plan de sauvetage imaginé par le patron d’Eagle Football repose sur plusieurs piliers encore bancals. La recapitalisation du club dépend essentiellement de l’introduction en bourse de sa holding, mais aussi de la cession de ses parts dans le club anglais de Crystal Palace. Deux opérations financières censées rapporter près de 190 millions d’euros dans les caisses lyonnaises.
Problème : à ce jour, rien n’a été concrétisé. Et si ce montage n’a pas encore capoté, il tarde dangereusement à se matérialiser. Conséquence directe : l’OL est passé tout près d’une exclusion pure et simple de la Ligue Europa cette saison. Une humiliation évitée de justesse, mais qui révèle à quel point le club marche sur un fil.
Des supporters entre méfiance et résignation
Dans les tribunes comme sur les réseaux sociaux, les supporters oscillent entre colère sourde et fatalisme. Le discours optimiste de Textor ne suffit plus à masquer les fissures d’un projet qui a du mal à convaincre. « Il parle beaucoup, mais on attend toujours des actes », lâche un fidèle du Virage Nord. D’autres s’inquiètent de la stratégie à long terme : « Il dit qu’il va vendre Crystal Palace pour sauver l’OL, mais est-ce vraiment viable ? Et si ça ne marche pas ? »
À Lyon, la mémoire des années fastes rend la chute d’autant plus douloureuse. Depuis le départ de Jean-Michel Aulas, le club semble avoir perdu son cap. L’ombre du grand président plane encore sur les travées du Groupama Stadium, tandis que Textor peine à faire l’unanimité malgré ses injections financières.
Une fin de saison à haut risque
Sur le plan sportif, la mission devient quasi impossible. La défaite à Monaco éloigne un peu plus l’OL d’un retour en Ligue des champions. Et avec elle, les revenus européens qui auraient pu soulager une trésorerie mal en point. La Ligue Europa Conférence reste mathématiquement atteignable, mais elle n’offrira pas les mêmes perspectives financières. Autant dire que la saison prochaine pourrait débuter avec des moyens réduits et un groupe amoindri, surtout si l’encadrement de la masse salariale est confirmé.
Face à cette équation complexe, Textor a choisi de bomber le torse, espérant rassurer l’écosystème lyonnais par son assurance. Mais il faudra plus qu’un bain de foule à Monaco pour éteindre les inquiétudes : des résultats, des actes, et surtout des garanties concrètes.
Conclusion : les mots ne suffiront plus
John Textor joue une partie décisive à la tête de l’Olympique Lyonnais. Son discours musclé et ses promesses financières suffiront-ils à inverser la tendance ? Rien n’est moins sûr. À l’heure où les instances s’impatientent, où les supporters doutent, et où les résultats ne suivent pas, l’Américain devra passer rapidement de la parole aux actes pour éviter que le rêve ne se transforme en cauchemar.