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Iga Swiatek en plein doute avant Roland-Garros : « Ce serait stupide d’avoir beaucoup d’ambition »

La triple tenante du titre à Paris traverse une période sombre. Défaite prématurément à Rome, Iga Swiatek doute ouvertement de son niveau de jeu et reconnaît être en crise mentale à moins de deux semaines de Roland-Garros.

Rome, le signal d’alarme
Iga Swiatek a vécu, samedi dernier, un revers brutal sur les courts du Foro Italico. La numéro 2 mondiale, triple vainqueure du tournoi romain, a été balayée en deux sets secs par l’Américaine Danielle Collins (6-1, 7-5) dès le troisième tour. Une défaite inattendue, mais surtout inquiétante, à l’aube du tournoi le plus important de sa saison : Roland-Garros, dont elle est la reine incontestée depuis 2020.

Mais cette fois, la terre battue ne lui sourit plus. Ce qui frappe, au-delà du score, ce sont les mots. Rares, durs, honnêtes. « Clairement, cela serait stupide d’avoir beaucoup d’ambition, car je ne suis pas capable de jouer à mon niveau », a confié Swiatek, les traits tirés et les yeux embués. À 23 ans, la Polonaise livre un aveu glaçant, presque fataliste, à l’orée de son tournoi fétiche.

Une spirale mentale qui inquiète
Plus que son jeu, c’est l’état d’esprit d’Iga Swiatek qui inquiète. En conférence de presse, elle ne mâche pas ses mots : « Je n’étais pas présente sur le court pour me battre, je me suis concentrée sur mes erreurs et je ne fais pas bien les choses. Je me focalise trop sur le négatif et il faut que cela change. » Ce constat, sans détour, traduit un mal-être profond.

La championne, si solide mentalement lors de ses triomphes parisiens, semble ébranlée dans ses fondations. Elle évoque une perte de contrôle, une fixation sur ses fautes, un cercle vicieux mental. Ce n’est plus uniquement un souci de coups droits ou de service, c’est un combat intérieur qu’elle doit livrer. « Je vais essayer de changer un petit peu mon état d’esprit, de réorganiser mes pensées et de me concentrer sur le travail jour après jour », tente-t-elle d’espérer.

Une saison en pointillés
Depuis le début de l’année 2025, Swiatek peine à retrouver son niveau d’excellence. Absente des finales dans plusieurs grands tournois, elle a semblé en perte de repères, y compris sur terre battue. Or, cette surface est censée être son jardin. Roland-Garros, Rome, Stuttgart : elle y a régné sans partage depuis quatre ans. Mais cette domination semble se fissurer.

Même à Rome, tournoi où elle s’était imposée trois fois en quatre ans, la Polonaise n’a pas affiché son autorité habituelle. Défaite sans appel, jeu imprécis, langage corporel alarmant : les signes de fragilité se multiplient. « C’est clair qu’il y a quelque chose qui ne va pas dans ce que je fais. Il y a des choses à changer, mon équipe m’a fait des suggestions et c’est ce qu’on va essayer de faire dans les semaines à venir », confie-t-elle avec franchise.

Roland-Garros, un repère à double tranchant
Paris a toujours été son refuge. En 2020, elle y avait surpris le monde en s’imposant à 19 ans. Depuis, elle y a bâti une dynastie. Mais cette année, le tableau change. L’assurance qui l’accompagnait jusqu’alors semble s’effriter. La terre battue ne suffit plus à masquer le doute, l’usure mentale, le stress accumulé.

« Peu importe ce qu’il s’est passé avant, chaque année est différente », souligne Swiatek. Une phrase qui sonne comme une tentative de se libérer du poids du passé. Pourtant, ce passé la suit : quatre titres en cinq ans, un statut de favorite naturelle, une pression immense à chaque retour Porte d’Auteuil. Si la Polonaise venait à flancher, ce serait un véritable tremblement de terre dans le paysage du tennis féminin.

Un mental à reconstruire d’urgence
Le défi d’Iga Swiatek est désormais double. Retrouver du jeu, bien sûr, mais surtout, se reconstruire mentalement. Dans une discipline où la confiance est la clef de voûte, la numéro 2 mondiale doit remettre de l’ordre dans ses pensées, retrouver le plaisir et l’instinct. Son équipe l’accompagne dans cette phase délicate, mais le temps presse : dans moins de deux semaines, Roland-Garros l’attend.

Swiatek n’a jamais semblé aussi humaine, vulnérable, touchante. Ce n’est plus la machine à gagner, mais une jeune femme en quête de réponses. Une championne qui doute, mais qui pourrait bien, à nouveau, surprendre son monde. Car si le mental est un frein aujourd’hui, il peut aussi redevenir son arme principale demain.