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Giro 2025 : l’étape de Valona, théâtre d’un premier tournant ?

Dernière journée sur les routes albanaises avant de rejoindre l’Italie, la 3e étape du Giro 2025 promet un scénario ouvert. Entre col piégeux et final côtier, les opportunités sont nombreuses… et le maillot rose de Primoz Roglic est potentiellement en danger.

Un parcours albanien pour conclure l’ouverture balkanique
Ce dimanche 11 mai, la troisième étape du Tour d’Italie marquera la fin du séjour albanais du peloton. Après un départ en grande pompe à Durrës vendredi et un contre-la-montre à Tirana samedi, les coureurs boucleront une boucle de 160 kilomètres autour de Valona, ville portuaire bordée par l’Adriatique. Une journée qui, sur le papier, ne bouleversera pas le classement général, mais pourrait bien réserver quelques surprises.

Cette étape se distingue par un parcours atypique, mêlant bord de mer, reliefs intérieurs et retour plat vers la côte. La première partie mènera les coureurs vers l’intérieur des terres, avec en ligne de mire le col de Llogara, unique difficulté majeure du jour. Après cela, une longue descente ramènera le peloton vers la mer, pour un final sans relief, propice à un sprint… ou à une arrivée en petit comité.

Llogara, l’inconnue du jour
C’est la principale difficulté du parcours : le col de Llogara, long de 10,5 kilomètres à 7,4 % de pente moyenne, pourrait jouer un rôle central dans le scénario de l’étape. Situé à près de 40 kilomètres de l’arrivée, il est trop éloigné pour inciter les favoris du général à passer à l’attaque. En revanche, il constitue un vrai test pour les sprinteurs.

Avec des passages à 12 %, les purs finisseurs pourraient être distancés. Mais la descente, longue et roulante, permettrait à des coureurs bien entourés de revenir dans le final. Ce sera donc un équilibre subtil entre gestion de l’effort dans l’ascension et capacité de récupération sur la seconde moitié du parcours.

Roglic, en rose… mais pas forcément longtemps
Primoz Roglic, vainqueur du contre-la-montre de Tirana, a endossé le maillot rose samedi. Mais comme souvent dans les premiers jours de grand tour, le leader d’une équipe ambitieuse peut être tenté de laisser filer le maillot à un coureur moins dangereux au général. Le Slovène et son équipe RedBull-Bora pourraient donc ne pas s’opposer à une échappée bien construite.

Conserver le maillot rose pendant trois semaines serait une tâche énergivore et inutile à ce stade de la course. Roglic, qui vise une victoire finale à Rome, pourrait même encourager un scénario où un baroudeur s’impose et s’empare du leadership pour quelques jours. Une étape idéale, donc, pour redistribuer les cartes sans prendre de risques.

Pedersen, Van Aert, Groves : les sprinteurs puncheurs en embuscade
Le profil de l’étape donne logiquement un avantage aux sprinteurs capables de grimper. En tête des prétendants : Mads Pedersen, premier porteur du maillot rose vendredi, en grande forme. Le Danois est solide dans les bosses et redoutable sur la ligne. Il pourrait récupérer le maillot rose en cas de bonifications, notamment lors du sprint final ou du fameux “kilomètre Red Bull”, innovation de ce Giro.

Derrière lui, Wout van Aert, deuxième de la première étape, demeure une menace malgré un contre-la-montre décevant. Le Belge reste une machine à gagner sur les terrains intermédiaires, et son équipe Visma-Lease a Bike pourrait tenter un coup tactique. Kaden Groves, moins médiatique mais tout aussi dangereux dans ce type d’étape, sera lui aussi à surveiller.

Et si l’étape souriait aux audacieux ?
Mais il ne faut pas exclure un scénario plus mouvementé. Des coureurs comme Tom Pidcock, excellent descendeur et attaquant dans l’âme, pourraient être tentés de faire exploser la course dès l’ascension de Llogara. Si le peloton temporise, une échappée bien construite pourrait aller au bout.

D’autres noms circulent pour une victoire en solitaire ou en petit groupe : Andrea Bagioli, Sergio Higuita, ou encore Quinn Simmons, capables de tirer profit d’une course animée où les équipes de sprinteurs peineraient à organiser la poursuite.

Une étape charnière avant l’Italie
À la veille du transfert vers la botte italienne, cette 3e étape a tout pour être un vrai casse-tête tactique. Les sprinteurs devront survivre à la montagne, les favoris du général gérer leur effort, et les chasseurs d’étapes flairer le bon coup. Une configuration idéale pour voir émerger une surprise et, pourquoi pas, un nouveau maillot rose inattendu.

Avec son parcours hybride et son profil indécis, Valona pourrait bien marquer un premier tournant dans ce Giro 2025. Entre stratégie, gestion de l’effort et opportunisme, les 160 kilomètres de ce dimanche s’annoncent palpitants.