Figure mythique du football mondial, Diego Maradona a marqué son époque par son talent hors normes, sa personnalité explosive et sa trajectoire hors du commun. De Buenos Aires à Naples, retour sur la vie d’un dieu du ballon rond aussi fascinant que controversé.
L’enfant de Villa Fiorito : un talent brut né dans la misère
Diego Armando Maradona naît le 30 octobre 1960 dans un quartier pauvre de Buenos Aires, en Argentine. Dernier fils d’une famille modeste, il grandit dans des conditions précaires à Villa Fiorito, banlieue défavorisée où les terrains vagues servent de stades improvisés. Très tôt, son rapport au ballon frôle le surnaturel : à 8 ans, il est repéré par un recruteur du club Argentinos Juniors, qu’il intègre sous le surnom d’El Pibe de Oro – « Le gamin en or ».
Il débute en première division à seulement 15 ans. Dribbles courts, centre de gravité bas, vision de jeu fulgurante : Maradona éblouit déjà tout un pays. Ses prestations lui valent une place en équipe nationale dès 1977. En 1981, il rejoint Boca Juniors, club mythique de Buenos Aires, où il fait chavirer le cœur des supporters. Pourtant, c’est en Europe que sa légende va réellement s’écrire.
Barcelone et Naples : gloire, drames et rédemption
Transféré au FC Barcelone en 1982 pour une somme record, Maradona découvre le football européen. Mais en deux saisons en Catalogne, il alterne entre éclats de génie et blessures graves, notamment après un tacle assassin d’Andoni Goikoetxea. Des tensions avec les dirigeants précipitent son départ. Son aventure espagnole est un goût d’inachevé.
C’est à Naples, en 1984, que Maradona trouve un terrain à sa démesure. Le SSC Napoli, modeste club du sud de l’Italie, l’accueille en héros. Maradona y devient une icône quasi religieuse. Sous sa direction, le club remporte deux Scudetti (1987 et 1990), une Coupe d’Italie et une Coupe UEFA, défiant la domination des grands clubs du Nord. À Naples, il incarne la revanche sociale du Sud italien sur le mépris du Nord. Mais sa vie privée s’enlise dans les excès : cocaïne, fréquentations mafieuses, scandales à répétition.
La Coupe du monde 1986 : apothéose d’un génie
Le sommet de sa carrière survient lors de la Coupe du monde 1986 au Mexique. Capitaine de l’Argentine, Maradona porte l’équipe sur ses épaules. Il inscrit cinq buts, délivre cinq passes décisives, et entre dans l’histoire lors du quart de finale face à l’Angleterre.
Son premier but, marqué de la main, reste l’un des plus controversés de l’histoire. Il parlera de « la main de Dieu ». Son second, une course de 60 mètres ponctuée d’un slalom fantastique entre six joueurs anglais, est considéré comme le plus beau but de tous les temps. Maradona offre à l’Argentine son deuxième titre mondial et s’impose définitivement comme le meilleur joueur du monde.
Déclin, démons et chute brutale
La suite de la carrière de Maradona est marquée par un lent déclin. La Coupe du monde 1990, perdue en finale contre l’Allemagne, reste honorable. Mais en 1994, à l’aube de sa quatrième Coupe du monde, il est contrôlé positif à l’éphédrine et exclu du tournoi. Ce scandale marque la fin de son parcours international.
Maradona plonge alors dans une descente aux enfers. Addictions, problèmes de santé, surpoids, séjours en clinique : son corps et son esprit payent les excès du passé. Il se retire peu à peu du terrain, mais reste omniprésent dans les médias argentins, tantôt comme consultant, tantôt comme entraîneur.
Une icône éternelle, au-delà du football
Diego Maradona meurt le 25 novembre 2020, d’une crise cardiaque à 60 ans. L’Argentine décrète un deuil national de trois jours. À Naples, les murs pleurent leur roi. L’Estadio San Paolo est rebaptisé Estadio Diego Armando Maradona. Le monde entier rend hommage à ce joueur hors normes, à la fois ange et démon, héros et martyr.
Car au-delà des chiffres et des trophées, Maradona incarne une émotion brute. Il est l’enfant des bidonvilles devenu roi, le rebelle contre l’ordre établi, l’homme imparfait au cœur pur. Aucun joueur n’a jamais autant divisé, mais aucun n’a autant uni dans l’admiration pure.
Conclusion : Maradona, le football fait homme
On a souvent dit que Maradona n’était pas un exemple. C’est vrai. Il était humain, trop humain. Mais c’est ce qui le rend si proche, si mythique. Il a donné au football une dimension poétique, mystique, viscérale. À jamais, il restera ce gamin de Villa Fiorito qui faisait danser le ballon comme personne. Un génie indomptable. Une légende pour l’éternité.