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Triathlon et santé : ce que révèle une étude inédite sur le cœur et les poumons des sportifs extrêmes

Des chercheurs du CHU de Montpellier et Nîmes ont suivi des triathlètes pour analyser les effets d’un effort physique intense. Le verdict ? Le cœur et les poumons fatiguent, mais récupèrent — et le sport reste un allié de la santé.

Le triathlon, sport de l’extrême par excellence, continue de fasciner autant qu’il interroge. Quelle trace laisse une telle épreuve sur le corps humain ? À cette question, une équipe médicale des CHU de Montpellier et de Nîmes a tenté d’apporter des réponses concrètes, en menant une étude approfondie sur une soixantaine de triathlètes. Leurs conclusions sont aussi surprenantes que rassurantes : oui, un effort aussi poussé fatigue le cœur et les poumons, mais les effets sont réversibles. Et pratiquer une activité physique régulière reste une source majeure de bien-être et de longévité.

Des cœurs fatigués mais pas en danger

David a 55 ans, il vit à Montpellier et pratique le triathlon depuis plusieurs années. Avec ses dix heures d’entraînement hebdomadaire, il fait partie de ces passionnés qui repoussent sans cesse leurs limites. En 2019, il participe à l’Ironman d’Embrun, une des courses les plus exigeantes du monde : 3,8 kilomètres de natation, 185 kilomètres de vélo, puis un marathon de 42 kilomètres. Il fait alors partie d’un groupe de 60 sportifs suivis par les chercheurs avant et après la compétition.

Le docteur Christophe Hédon, cardiologue et directeur de l’étude, explique les premiers constats : « Après une course comme ça, le cœur travaille moins bien. Il se contracte moins fort. C’est normal. C’est temporaire. » Autrement dit, l’organe central de notre système cardiovasculaire encaisse le choc de l’effort, mais sans conséquences à long terme si une récupération adaptée est respectée.

Les poumons aussi sous pression

Les effets de l’effort ne s’arrêtent pas au cœur. Les chercheurs ont observé des anomalies respiratoires passagères, notamment chez certains coureurs présentant des signes proches d’un asthme d’effort. Le docteur Fares Gouzi, pneumologue au CHU de Montpellier, détaille : « Ce n’est pas grave. Ça passe. Certains coureurs présentent une gêne respiratoire, mais elle disparaît avec le repos. »

Cette réaction est connue chez les sportifs de haut niveau. L’hyperventilation prolongée, combinée à l’inhalation d’air sec ou froid, peut irriter les bronches. Une situation fréquente, mais non alarmante, tant qu’elle reste transitoire.

Pas de danger… si on écoute son corps

Les résultats de cette étude n’ont rien d’alarmiste. Au contraire, ils permettent de mieux comprendre les réactions du corps à un stress physique extrême et d’adopter des comportements plus responsables. Le message principal : il faut laisser au corps le temps de récupérer. Les effets constatés sur le cœur et les poumons sont réversibles. En d’autres termes, la prudence est de mise, mais pas l’inquiétude.

David, qui a participé à l’étude, poursuit son entraînement avec lucidité : « Le sport trop intense peut être mauvais. Mais en faire souvent, c’est bon pour moi. Je tombe moins malade. Je dors mieux. » Une philosophie partagée par la communauté médicale.

Le sport, toujours bénéfique

Les médecins l’affirment sans ambiguïté : le sport reste bon pour la santé. Qu’il soit pratiqué à intensité modérée ou élevée, il offre une multitude de bénéfices. Il renforce le cœur, améliore la capacité pulmonaire, régule le métabolisme et participe à la prévention de nombreuses maladies chroniques. Le docteur Gouzi résume : « Il faut faire du sport. C’est bon pour le cœur, pour les poumons. Ça aide aussi à soigner certaines maladies. »

Même les maladies respiratoires chroniques comme l’asthme ou la BPCO (broncho-pneumopathie chronique obstructive) peuvent bénéficier d’un entraînement physique adapté. L’important, rappellent les chercheurs, est de bien connaître son corps, d’écouter les signaux d’alerte (douleurs, essoufflements inhabituels…) et de consulter en cas de doute.

Une étude précieuse pour les sportifs amateurs

L’enjeu de cette étude ne se limite pas aux triathlètes de haut niveau. Elle s’adresse aussi à tous ceux qui pratiquent le sport de manière intensive ou qui rêvent de repousser leurs limites. Trop souvent, la performance est glorifiée au détriment de la santé. Or, la connaissance des réactions physiologiques à l’effort permet de mieux s’entraîner… et de durer.

Les auteurs de l’étude insistent sur l’importance de la récupération, parfois négligée. Un sommeil suffisant, une hydratation adaptée, une alimentation équilibrée et des périodes de repos programmées sont les clés d’un entraînement bénéfique. Ce n’est pas l’effort en soi qui pose problème, mais son excès ou sa répétition sans temps de répit.

Rester actif, mais conscient

Cette étude des CHU de Montpellier et Nîmes apporte un éclairage précieux sur les effets du triathlon et des efforts extrêmes sur le cœur et les poumons. Elle rassure sur l’absence de dommages permanents, mais rappelle la nécessité de ménager son corps.

Pratiquer une activité physique régulière reste un pilier de santé publique. Même les triathlètes les plus aguerris ont besoin de pauses. Et pour les amateurs, l’enjeu est simple : bouger, oui — mais avec écoute, mesure et respect de ses limites.