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Reprendre le sport : comment retrouver l’envie, le rythme et le plaisir de bouger

Après une pause, se remettre à une activité physique peut sembler difficile. Mais avec quelques conseils simples et une approche progressive, chacun peut renouer avec les bienfaits du sport, sans pression ni culpabilité.

Le printemps est là, les températures remontent et avec elles, l’envie de se (re)mettre au sport. Mais entre les bonnes intentions et le passage à l’acte, un fossé subsiste. Manque de temps, fatigue, peur du jugement, douleurs, sédentarité bien installée… les obstacles sont nombreux. Pourtant, reprendre une activité physique, même modérée, peut transformer le quotidien. À condition de le faire à son rythme, sans complexe et avec méthode. Tour d’horizon des clés pour se remettre en mouvement.

Des freins nombreux… mais surmontables

Reprendre le sport, ce n’est pas seulement remettre ses baskets. C’est souvent aussi affronter des blocages psychologiques ou sociaux. Les raisons d’abandon ou de décrochage sont bien connues : contraintes professionnelles ou familiales, peur de ne pas être à la hauteur, douleur ou blessure, coût de l’équipement ou d’un abonnement à une salle, manque d’envie ou simplement oubli de soi.

Martine Duclos, endocrinologue et présidente de l’Observatoire national de l’activité physique et de la sédentarité (Onaps), déplore une culture française qui valorise peu l’activité physique : « L’activité physique à l’école est souvent traitée comme une variable d’ajustement. On ne l’intègre pas comme un pilier de la santé publique, contrairement aux pays nordiques. »

La sédentarité, véritable fléau invisible

Aujourd’hui, la principale ennemie de notre santé n’est pas forcément l’absence de sport… mais l’excès d’immobilité. « La sédentarité nous tue », alerte Martine Duclos. Passer dix à douze heures par jour assis, comme le font la majorité des adultes français, est néfaste pour le cœur, les muscles, les articulations… et même pour la santé mentale.

Marcher régulièrement, faire quelques mouvements toutes les heures, se lever de son siège au bureau : ces gestes simples rompent la sédentarité et préparent le corps à la reprise d’une activité physique plus soutenue. Il ne s’agit pas forcément de faire du sport au sens strict, mais de réintégrer le mouvement dans le quotidien.

Des conseils simples pour repartir du bon pied

Le kinésithérapeute et spécialiste de la course à pied Quentin Rokt conseille une approche ultra-progressive : « Commencer par cinq minutes, c’est déjà très bien. Ce n’est pas grave si on ne tient pas 30 minutes. L’essentiel, c’est la régularité. »

L’idée est de remettre le corps en mouvement doucement, sans brûler les étapes, et sans chercher la performance immédiate. Ce qui compte, c’est de retrouver le plaisir et le confort dans le geste. Le médecin du sport Jean-Marc Sène insiste, lui, sur le rôle de l’environnement : « Marcher ou faire du vélo, c’est bien… mais encore faut-il que la ville soit adaptée. Les aménagements urbains jouent un rôle clé dans notre motivation. »

Pas besoin de souffrir pour que ce soit efficace

Autre idée reçue à déconstruire : on n’a pas besoin de souffrir pour faire du bien à son corps. Martine Duclos le rappelle : « Il y a des gens très sportifs qui détestent la course à pied. Ce n’est pas grave ! Il faut choisir ce qu’on aime. » Marche, danse, natation, vélo, yoga, tai-chi… toutes les activités physiques ont leur place.

Ce choix est d’autant plus important qu’il détermine la capacité à tenir dans le temps. On persévère plus facilement dans une activité qu’on apprécie, qu’on pratique près de chez soi, dans un cadre rassurant et dans lequel on se sent à l’aise. Le plaisir est un levier fondamental pour tenir ses engagements.

Discipline et indulgence : les deux piliers de la régularité

La motivation ne suffit pas : il faut aussi un soupçon de discipline. « Il ne faut pas tomber dans l’autoflagellation, mais sans un minimum d’exigence envers soi-même, on ne ressentira jamais les bienfaits du sport », souligne Quentin Rokt. Se fixer des créneaux précis, intégrer le sport dans sa routine hebdomadaire, préparer ses affaires à l’avance… tous ces petits gestes facilitent la reprise.

Mais attention à ne pas tomber dans la culpabilité ou le tout-ou-rien. Si une séance saute, ce n’est pas grave. L’essentiel est de garder le cap et de ne pas se décourager. Le sport n’est pas un concours, c’est un rendez-vous avec soi-même.

Un avis médical avant de reprendre

Pour les personnes sédentaires depuis longtemps, souffrant d’une maladie chronique ou reprenant après une blessure, un avis médical est indispensable. Le docteur Gérald Kierzek, urgentiste, rappelle : « Avant de débuter ou de reprendre une activité sportive, consultez votre médecin. Il vous aidera à choisir l’activité la plus adaptée à votre condition physique. »

Cette précaution permet d’éviter les mauvaises surprises et de se remettre en mouvement en toute sécurité. Elle est particulièrement importante après 40 ans, ou en cas de surpoids, d’hypertension ou de diabète.

Bouger, un acte de santé au quotidien

Reprendre le sport, ce n’est pas se lancer dans un marathon ou s’imposer une transformation radicale. C’est réintroduire du mouvement, du souffle, de la liberté dans son quotidien. Le corps est fait pour bouger. Et même si le chemin est parfois semé de doutes ou d’obstacles, chaque pas compte.