À l’Open d’Aix-en-Provence, le Français accuse le Russe Pavel Kotov de menaces de mort en plein match. Une nouvelle controverse qui interroge sur les limites de la tension compétitive et le rôle des instances dans la gestion des débordements.
La scène s’est déroulée mercredi dernier sur les courts du Country Club d’Aix-en-Provence, mais elle résonne bien au-delà des frontières du tennis français. Opposé à Pavel Kotov au premier tour du tournoi Challenger, Corentin Moutet a affirmé avoir été victime de menaces de mort lancées par son adversaire en plein match. L’incident, s’il venait à être confirmé, pourrait marquer un tournant dans la manière dont l’ATP aborde la discipline sur le court, notamment en matière de comportements menaçants.
« Un jour, quelqu’un te tuera »
Alors que le match atteignait un moment crucial – le score étant de 7-5, 3-6, 5-5 au troisième set – et qu’il était sur le point d’être interrompu par la nuit, Corentin Moutet a publié un message sur X (ex-Twitter) dénonçant une situation intolérable. Selon ses propos, Pavel Kotov lui aurait lancé : « La prochaine fois que tu viens au filet, je te tuerai. » Et un peu plus tard : « Un jour, quelqu’un te tuera. »
Des mots graves, glaçants, surtout sur un terrain de sport. Dans ce message, depuis supprimé mais relayé par plusieurs médias spécialisés comme Tennis Temple, le Français n’a pas masqué sa colère : « Il n’y a même pas eu d’avertissement. Apparemment, ces mots sont autorisés sur le court. » Moutet s’en est également pris à l’ATP, accusée de ne pas faire son travail : « Comment voulez-vous que je ne réagisse pas si vous ne faites pas votre boulot ? »
L’ATP n’a, à ce jour, pas encore réagi publiquement à cette affaire.
Une tension qui interroge le cadre du jeu
Ce n’est pas la première fois que Corentin Moutet se retrouve au centre d’un match tendu ou polémique. Doté d’un tempérament explosif, le 82e mondial n’est pas étranger aux altercations verbales ou aux débordements émotionnels. Mais cette fois, les rôles semblent inversés : ce n’est pas lui qui a perdu son sang-froid, mais son adversaire.
La situation soulève une question essentielle : que fait l’arbitre lorsqu’un joueur profère une menace grave sur le court ? Selon le règlement de l’ATP, les insultes ou gestes menaçants peuvent entraîner des avertissements, des pénalités de point ou même une disqualification. Pourtant, si l’on en croit le Français, « il n’y a même pas eu d’avertissement. »
Le tennis est un sport de nerfs autant que de technique. Mais faut-il accepter que la tension justifie l’intimidation ? Nombreux sont ceux qui estiment que ce type de comportement ne peut rester impuni, même sur des circuits secondaires comme les Challengers.
Une affaire de plus pour un joueur en zone de turbulences
Cette nouvelle controverse intervient dans un contexte personnel tendu pour Corentin Moutet. À peine deux jours plus tôt, il avait connu un nouvel épisode chaotique : son entraîneur Petar Popovic annonçait la fin de leur deuxième collaboration, entamée seulement deux mois plus tôt. Un énième changement dans un parcours déjà marqué par l’instabilité sur le plan du coaching et une réputation de joueur à fleur de peau.
Moutet semble aujourd’hui naviguer dans une zone de turbulences : entre des performances en dents de scie, une réputation à défendre et désormais des menaces sur sa personne. Dans un second message publié sur X, il a simplement confié : « Je vais avoir du mal à dormir… »
Le match interrompu, la suite en suspens
Le duel face à Kotov n’est pas encore terminé. Interrompu par la nuit à 5-5 dans le troisième set, il devait reprendre ce jeudi aux alentours de 12h30. Le vainqueur affrontera l’Américain Reilly Opelka au deuxième tour. Une perspective sportive qui semble désormais secondaire à la lumière de ce qui s’est passé sur le court la veille.
La question reste en suspens : la rencontre pourra-t-elle reprendre normalement après un tel échange ? Une confrontation physique reste possible entre les deux joueurs, et les organisateurs du tournoi ainsi que l’ATP devront veiller à la sécurité de tous.
L’ATP dans l’œil du cyclone
Ce genre d’incident n’est pas sans rappeler d’autres moments sombres du tennis masculin. Les gestes de colère de Nick Kyrgios, les éclats de Novak Djokovic, ou encore les altercations de Fabio Fognini ont souvent mis en lumière les limites de la gestion disciplinaire de l’ATP. Mais ici, il ne s’agit plus seulement d’un coup de raquette contre un filet ou une balle expédiée dans les tribunes. Il s’agit de menaces de mort.
La gravité de la situation impose une réaction rapide et exemplaire. Non seulement pour sanctionner les comportements inacceptables, mais aussi pour préserver l’intégrité d’un sport qui se veut courtois, respectueux et civilisé.
Corentin Moutet, quel que soit son tempérament, a le droit d’évoluer sur le court sans craindre pour sa sécurité. Et si les faits sont avérés, l’ATP n’aura d’autre choix que de sévir.