De ses rêves de baseball professionnel à son amour du golf, en passant par ses démêlés avec la NFL et ses apparitions sur les rings de catch, Donald Trump a toujours entretenu une relation spectaculaire avec le sport américain. Retour sur une trajectoire aussi ambitieuse que controversée.
Un sportif autoproclamé dans sa jeunesse
Avant de devenir l’un des hommes politiques les plus clivants de l’histoire des États-Unis, Donald Trump a longtemps revendiqué un passé d’athlète accompli. Dans sa jeunesse new-yorkaise, celui qu’on surnommait alors « Don » ou « D.T. » était décrit comme un sportif complet, pratiquant le football américain, le soccer et surtout le baseball. C’est dans cette dernière discipline que la légende autour de sa personne prend racine.
Selon plusieurs témoignages de ses anciens camarades, Trump aurait été un excellent lanceur, capable d’atteindre les 130 km/h. Une performance de haut niveau, surtout pour un joueur universitaire. Si lui-même restait discret sur le sujet au début de sa carrière politique, de peur de paraître prétentieux, il a fini par affirmer sans détour qu’il était « le meilleur athlète » de son université. Aucune trace officielle ne vient étayer cette affirmation, mais elle s’inscrit parfaitement dans la posture médiatique d’un homme qui aime se raconter en champion.
Le Tour de Trump : son éphémère incursion dans le cyclisme
Moins connue, l’histoire du « Tour de Trump » témoigne d’une tentative étonnante d’associer son nom à un événement sportif majeur. À la fin des années 1980, Donald Trump est sollicité par un entrepreneur, Billy Packer, pour sponsoriser une course cycliste sur le modèle du Tour de France. Le projet initial, baptisé Tour de Jersey, visait à traverser le nord-est des États-Unis, notamment autour d’Atlantic City, fief de l’empire Trump dans les casinos.
Séduit par la visibilité qu’offrirait une course à son nom, Trump accepte rapidement. La compétition devient ainsi le « Tour de Trump » dès sa première édition, en 1989. Deux éditions auront lieu, avant de disparaître aussi vite qu’elles sont arrivées. Malgré des coureurs prestigieux au départ, la course souffre d’un manque d’enracinement populaire et de la personnalité écrasante de son sponsor. L’opération n’a pas été renouvelée, mais elle témoigne d’un instinct marketing assumé.
Le football américain, l’obsession inassouvie
Parmi les relations les plus explosives entre Donald Trump et le sport, celle avec la NFL occupe une place centrale. Depuis les années 1980, Trump rêve de posséder une franchise dans la ligue la plus puissante des États-Unis. Baltimore Colts, Dallas Cowboys, New England Patriots : à plusieurs reprises, il tente des rachats, sans succès. Éconduit, il se tourne alors vers la United States Football League (USFL), ligue concurrente, où il rachète les New Jersey Generals.
Persuadé de pouvoir faire de la USFL une vraie rivale, Trump pousse pour passer la saison de printemps à l’automne, sur le terrain de la NFL. L’expérience tourne au fiasco, et la ligue disparaît en 1986. Amer, Trump entretiendra une rancune durable envers la NFL. Dans les années 2010, il appelle publiquement au boycott de la ligue après les protestations de joueurs comme Colin Kaepernick, qui ont mis un genou à terre durant l’hymne national. Une prise de position très politique, qui renforce son image dans l’électorat conservateur.
Catch et UFC : la mise en scène de la puissance
Personnage spectaculaire, Donald Trump a trouvé dans le catch un terrain de jeu à sa mesure. En 2007, il fait une apparition remarquée sur le ring de la WWE (World Wrestling Entertainment), lors d’un événement baptisé « La Bataille des milliardaires ». Face à Vince McMahon, promoteur de la WWE, Trump joue son propre rôle dans une mise en scène qui mêle caricature, exagération et théâtralité. Il ira jusqu’à raser la tête de McMahon en direct, provoquant un pic d’audience phénoménal.
Cet épisode marque une alliance durable avec le monde du divertissement sportif. Sa proximité avec les figures du catch, comme Vince et Linda McMahon – cette dernière étant nommée secrétaire d’État à l’Éducation sous sa présidence – montre combien le sport spectacle et la politique peuvent se rejoindre dans une logique de notoriété et d’influence.
Depuis, Trump a aussi affiché son soutien au MMA et à l’UFC. Il assiste régulièrement à des combats aux premiers rangs, ovationné par une partie du public. Bien qu’il n’ait aucun rôle officiel dans cette discipline, sa présence y est souvent mise en scène, notamment par Dana White, président de l’UFC, proche de la sphère trumpiste.
Le golf, son véritable royaume
S’il est un sport dans lequel Donald Trump a durablement investi, c’est bien le golf. Il possède plusieurs parcours prestigieux, aux États-Unis mais aussi en Écosse, en Irlande, à Dubaï, à Oman ou encore en Indonésie. Ce sont des lieux prisés, parfois au cœur de polémiques pour leur impact environnemental ou leur gestion financière. Le golf est aussi son loisir préféré : il y passe un temps considérable, y compris pendant ses mandats, suscitant de nombreuses critiques sur ses absences prolongées de la Maison Blanche.
Le golf, pour Trump, est plus qu’un sport. C’est un symbole de réussite, de pouvoir et de réseau. Il y reçoit des chefs d’État, y scelle des alliances et soigne son image d’homme d’affaires au sommet. Son nom est souvent associé à des compétitions ou des tournois, mais sa pratique reste personnelle, parfois moquée pour ses écarts de conduite et ses scores peu crédibles.
Un miroir de sa personnalité
La relation de Donald Trump au sport, au-delà de ses frasques et de ses ambitions inabouties, offre un prisme révélateur sur son personnage public. Toujours dans la démonstration, souvent dans la confrontation, l’ancien président américain a utilisé le sport comme un levier de visibilité, d’influence et d’autorité.
Ses échecs dans le football américain, ses coups d’éclat dans le catch ou ses golfs surmédiatisés disent beaucoup de sa vision du sport : un terrain d’affirmation de soi, de domination et de pouvoir. Une autre forme de compétition, politique celle-là, qu’il n’a jamais cessé de disputer.