Lors du bureau de la Ligue de Football Professionnel, Nasser Al-Khelaïfi a marqué les esprits par une intervention apaisée mais déterminée. En pleine incertitude autour des droits TV, le président du PSG a rappelé l’importance de valoriser les succès des clubs français en Europe et a insisté sur la nécessité d’un plan financier solide pour l’ensemble du championnat.
Un contexte de crise sous tension
Ce lundi, la Ligue de Football Professionnel (LFP) se réunissait dans un climat tendu autour du dossier brûlant des droits TV. Alors que l’accord actuel avec DAZN arrive à sa fin, l’avenir de la diffusion du championnat reste flou. DAZN, diffuseur principal, doit s’acquitter mercredi d’une échéance de 70 millions d’euros, ce qu’elle devrait honorer selon RMC Sport. Pourtant, les discussions s’intensifient autour d’une indemnité de sortie : la plateforme a refusé la proposition de médiation comprise entre 110 et 125 millions d’euros, et le montant envisagé se situerait désormais autour de 100 millions.
Au cœur de ces négociations délicates, les présidents de clubs se divisent sur la stratégie à adopter. La majorité du collège de Ligue 1, avec 12 voix contre 6, a opté pour un divorce à l’amiable avec DAZN plutôt que pour une action en justice. Parmi les opposants à cet accord, Pablo Longoria, président de l’Olympique de Marseille, a réaffirmé sa position via son représentant Damien Comolli : il reste favorable à une procédure judiciaire afin de faire respecter les engagements contractuels, faute d’alternatives crédibles sur la table.
La voix posée de Nasser Al-Khelaïfi
Dans cet environnement tendu, la prise de parole de Nasser Al-Khelaïfi a tranché par son ton apaisé. Loin des éclats médiatisés des réunions précédentes, le président du Paris Saint-Germain a voulu ramener le débat à une vision plus globale, insistant sur les réussites collectives du football français.
« Je suis président du PSG, mais franchement, je suis très fier de nos clubs français », a-t-il déclaré. « Nous sommes un des meilleurs championnats d’Europe aujourd’hui. Lille a battu l’Atletico, le Real. Monaco a battu Barcelone. Brest a été magnifique. Mais aujourd’hui, personne ne parle de ces performances. Personne ne les met en valeur. On parle systématiquement de crise mais on a besoin d’insister sur la valeur de notre championnat. »
Un rappel salutaire, tant la perception négative du football français à l’international est souvent alimentée par les affaires extra-sportives ou les difficultés économiques. Pour Al-Khelaïfi, il est crucial que les clubs eux-mêmes soient les premiers promoteurs de leur propre valeur sportive.
Garantir un avenir pour tous les clubs
Au-delà du simple constat, Nasser Al-Khelaïfi a plaidé pour une approche solidaire dans la répartition des revenus issus des droits TV. Il a insisté sur l’importance d’assurer un minimum garanti pour tous les clubs, y compris ceux disposant des plus petits budgets. Selon lui, l’attractivité du championnat passe par un niveau compétitif élevé à tous les échelons, et pas uniquement par les performances des locomotives traditionnelles comme le PSG, l’OM ou Monaco.
Le président du PSG se montre ouvert aux différentes solutions évoquées pour l’avenir, notamment les propositions portées par Nicolas de Tavernost, ancien dirigeant de M6 aujourd’hui chargé de piloter la réflexion sur les droits TV pour la LFP. Parmi les pistes explorées, la création d’une chaîne de la Ligue refait surface. Une solution que Nasser Al-Khelaïfi pourrait soutenir, à condition qu’elle repose sur un projet solide et un business plan crédible.
« Un tel projet ne peut être envisagé que s’il est planifié sérieusement », confie-t-on en privé dans l’entourage du président parisien. L’éventualité de lancer cette chaîne avant la reprise de la Ligue 1, fixée au week-end du 15 août, semble cependant ambitieuse compte tenu des délais.
Une décision capitale pour l’avenir du football français
Parallèlement aux discussions internes, un représentant de l’agence Peak, qui conseille la LFP sur le dossier des droits TV, a également pris part au bureau de lundi. Peak doit revenir dans les prochaines semaines avec des propositions concrètes pour relancer la commercialisation des droits et présenter une véritable stratégie de valorisation du produit « Ligue 1 ».
Face à l’urgence, les présidents de clubs devront rapidement trancher : faut-il tenter une dernière négociation avec DAZN, lancer une chaîne dédiée, ou rechercher un nouvel acteur prêt à miser sur la Ligue 1 ? Dans tous les cas, la survie économique du championnat est en jeu, notamment pour les clubs dont la santé financière dépend majoritairement des revenus télévisés.
Dans cet équilibre précaire, la voix de Nasser Al-Khelaïfi, rappelant que les succès sportifs méritent d’être célébrés autant que les enjeux économiques doivent être anticipés, a offert un moment de lucidité bienvenue. À l’heure où le football français joue une partie déterminante de son avenir, l’appel à l’unité lancé par le président du PSG pourrait bien peser lourd dans les décisions à venir.