Auto Tennis Une

Jannik Sinner lance sa fondation, dix jours avant son retour sur les courts

À quelques jours de son grand retour à la compétition au Masters 1000 de Rome, Jannik Sinner a annoncé hier la création de sa propre fondation. Une initiative tournée vers la jeunesse et l’éducation, alors que le numéro un mondial sort tout juste d’une suspension pour dopage.

Un projet personnel au cœur de la tempête

L’annonce peut surprendre par son timing. À dix jours de reprendre la raquette sur la terre battue romaine, Jannik Sinner a choisi de dévoiler un projet mûri de longue date : la création de la Fondation Jannik Sinner, dont l’objectif est d’accompagner les jeunes à travers le sport et l’éducation, en Italie et dans le monde.

« Je suis heureux d’annoncer que nous lançons la Fondation Jannik Sinner », déclare-t-il dans une vidéo publiée lundi sur ses réseaux sociaux. On y voit le joueur italien dans un cadre bucolique, entouré d’enfants. « Avec cette fondation, on voudrait donner aux plus jeunes l’opportunité d’atteindre leurs rêves. »

Le message est clair : le joueur de 23 ans veut utiliser sa notoriété pour porter des causes qui lui tiennent à cœur. Triple vainqueur en Grand Chelem, actuel numéro un mondial et véritable idole dans son pays, Sinner bénéficie d’une forte image publique, qu’il entend désormais mettre au service des autres.

Rendre le sport et l’éducation plus accessibles

La fondation n’a pas pour vocation unique de financer des infrastructures sportives ou des bourses d’études. Selon un communiqué officiel, elle soutiendra des programmes éducatifs, des projets civils et des initiatives pour l’inclusion sociale. En résumé, il s’agit de créer un environnement où le sport devient un vecteur d’égalité des chances.

« Nous voulons montrer aux enfants ce qui est possible, non seulement dans le sport, mais aussi dans la vie », ajoute Sinner, dans une déclaration qui rappelle l’importance de la transmission et du rôle modèle que joue un athlète de haut niveau.

La Fondation Jannik Sinner est présidée par Alex Vittur, le manager du joueur, et peut déjà compter sur des soutiens de poids. Parmi les membres de son conseil d’administration figure notamment Stefano Domenicali, président de la Formule 1. Un choix symbolique et stratégique, qui traduit la volonté d’inscrire cette initiative dans une dimension internationale et multisport.

Une tradition bien ancrée dans le tennis

Jannik Sinner ne fait pas figure de pionnier dans cette démarche. Avant lui, plusieurs champions du circuit ont créé leur propre fondation. Roger Federer finance depuis 2003 des programmes éducatifs en Suisse et en Afrique du Sud. Novak Djokovic est très impliqué dans l’éducation en Serbie, notamment dans la petite enfance. Rafael Nadal, quant à lui, a développé une fondation qui œuvre dans plusieurs pays pour l’inclusion par le sport.

Dans cette continuité, le projet porté par Sinner semble trouver sa place naturelle dans l’écosystème du tennis mondial. Mais son lancement intervient dans un contexte particulier : celui d’un retour de suspension pour dopage qui a fait couler beaucoup d’encre.

Une suspension qui continue de faire débat

Contrôlé positif au clostebol en mars dernier, Sinner avait affirmé avoir été contaminé de manière accidentelle par un massage reçu de la part d’un membre de son entourage. L’Agence pour l’intégrité du tennis (Itia) l’avait initialement blanchi, considérant l’absence d’intentionnalité. Mais l’Agence mondiale antidopage (AMA) a contesté cette décision devant le Tribunal arbitral du sport (TAS), réclamant une suspension d’un à deux ans.

Finalement, les deux parties ont trouvé un accord : Jannik Sinner a purgé une suspension de trois mois, effective jusqu’au 4 mai. Une peine jugée clémente par certains, et qui a déclenché une polémique dans le milieu du tennis professionnel. Plusieurs joueurs ont exprimé leur incompréhension, dénonçant ce qu’ils estiment être un traitement de faveur pour la star italienne.

Invité dans l’émission Les Grandes Gueules du Sport sur RMC, Olivier Rabin, directeur science et médecine de l’AMA, est revenu sur l’ensemble de la procédure. Selon lui, le compromis trouvé est « légalement solide » et « cohérent avec les circonstances », mais les critiques persistent.

Un retour sous surveillance au Foro Italico

Le Masters 1000 de Rome, qui se tiendra du 7 au 18 mai, marquera donc le retour officiel de Jannik Sinner sur le circuit ATP. Sur ses terres, dans l’un des tournois les plus importants de la saison sur terre battue, l’Italien aura à cœur de répondre présent. Non seulement pour montrer qu’il est toujours au sommet de son art, mais aussi pour tourner définitivement la page de cette affaire embarrassante.

Avec un statut de numéro un mondial à défendre, une image à restaurer et désormais une fondation à incarner, Sinner entame un mois décisif, sur les courts comme en dehors. La suite de la saison dira si son engagement hors du terrain pourra accompagner un rebond sportif attendu.