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Euro U23 d’escrime : la Suisse s’excuse après un geste de protestation contre Israël

À l’issue de la finale de l’Euro U23 d’escrime, les escrimeurs suisses ont refusé de se tourner vers le drapeau israélien lors de la cérémonie protocolaire. Un geste politique en soutien aux civils palestiniens qui a provoqué un tollé diplomatique et poussé la Fédération suisse à présenter ses excuses publiques.

Une cérémonie qui dérape après la finale

Le contexte sportif n’avait rien laissé présager. Samedi, la Suisse affrontait Israël en finale de l’Euro U23 d’escrime à Tallinn (Estonie). Une rencontre disputée dans un bon esprit et remportée logiquement par l’équipe israélienne sur le score de 45-29. Mais c’est après le dernier assaut, lors de la remise des médailles, que l’incident s’est produit.

Alors que l’hymne israélien retentissait pour célébrer la victoire, les quatre escrimeurs suisses sont restés volontairement tournés vers le public, refusant ostensiblement de faire face au drapeau israélien. Un geste fort, manifestement en réaction aux récents bombardements à Gaza, mais réalisé sans pancarte, sans slogan, ni déclaration publique. Juste un geste symbolique, mais éminemment politique.

Une réaction immédiate de la Fédération

Face aux réactions indignées qui ont immédiatement suivi, la Fédération suisse d’escrime n’a pas tardé à réagir. Dans un communiqué publié dès le lendemain, elle a tenu à prendre ses distances avec l’initiative de ses jeunes athlètes.

« Swiss Fencing ne comprend pas que son équipe ait utilisé la cérémonie de remise des prix pour exprimer un geste politique », peut-on lire dans le texte. « Les compétitions sportives ne doivent pas se prêter à l’expression d’opinions politiques. Nous tenons à féliciter l’équipe israélienne pour son titre. »

Une ligne claire adoptée par la Fédération, soucieuse de préserver la neutralité de l’institution, tout en désamorçant les tensions à l’échelle internationale. Swiss Fencing a également annoncé qu’elle recevrait les membres de l’équipe U23 dès leur retour à Zurich pour engager un dialogue et « évaluer les mesures éventuelles ».

Des excuses, mais un scandale déjà lancé

Les quatre jeunes tireurs sont rentrés dimanche en Suisse, visiblement bouleversés par la portée de leur geste. Selon Max Heinzer, président de Swiss Fencing et ex-champion du monde, « les quatre jeunes sont complètement abattus. Ils pensaient sans doute faire quelque chose de bien. »

D’après les informations recueillies par le média suisse NZZ, les escrimeurs auraient présenté leurs excuses aux membres de l’équipe israélienne peu après la cérémonie, dans les coulisses de la salle. Mais ces regrets n’ont pas suffi à calmer les critiques venues d’Israël.

Le ministre israélien des Affaires étrangères, Gideon Saar, a vivement réagi : « Honte à l’équipe suisse pour son comportement irrespectueux. Vous ne savez pas comment perdre et vous vous êtes comportés d’une manière qui est une honte pour vous et pour le pays que vous êtes censés représenter. »

Une ligne de crête entre sport et politique

Ce nouvel épisode illustre à quel point les événements géopolitiques actuels s’invitent dans les arènes sportives, y compris chez les jeunes. En refusant de saluer le drapeau israélien, les escrimeurs suisses ont exprimé un point de vue politique dans un cadre où la neutralité est normalement de mise. Et si leur action était silencieuse, elle n’en a pas été moins perçue comme un affront.

La question de l’expression politique dans le sport reste toujours aussi sensible. De nombreuses institutions sportives internationales, à commencer par le Comité international olympique, rappellent régulièrement que les cérémonies protocolaires doivent rester exemptes de tout message idéologique.

Mais la tentation pour certains athlètes d’utiliser leur visibilité pour prendre position sur des drames mondiaux reste forte, notamment parmi les plus jeunes générations, sensibilisées par les réseaux sociaux et les mouvements de solidarité transnationaux.

Et maintenant ?

Swiss Fencing, fidèle à sa culture du dialogue, a promis de recevoir les jeunes escrimeurs pour échanger sur leurs motivations, leur expliquer les règles encadrant les compétitions internationales et statuer sur d’éventuelles sanctions. À ce stade, aucune exclusion ou suspension n’est annoncée, mais un rappel à l’ordre semble inévitable.

Reste à voir si cette affaire en restera là ou si la Fédération internationale d’escrime (FIE) décidera à son tour d’intervenir. D’autant plus que cette polémique tombe à un moment où plusieurs fédérations sportives cherchent à éviter tout débordement politique dans les compétitions, en amont notamment des Jeux olympiques de Paris 2024.