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Masters 1000 de Madrid : Zverev dégaine son téléphone en plein match pour contester une décision

Moment de tension inhabituel au Masters 1000 de Madrid : face à une annonce litigieuse, Alexander Zverev a sorti son téléphone portable pour photographier une marque, créant la polémique malgré sa victoire difficile contre l’Espagnol Alejandro Davidovich-Fokina.

Un duel sous haute tension

Alexander Zverev a dû s’employer pour se défaire d’Alejandro Davidovich-Fokina lors du troisième tour du Masters 1000 de Madrid. Déjà triple vainqueur du tournoi, le n°2 mondial a eu toutes les peines du monde à contenir l’agressivité de son adversaire et à trouver son rythme sur la terre battue madrilène. Balayé dans le premier set (2-6), il a dû puiser dans ses ressources mentales pour revenir dans la partie et finalement s’imposer après deux tie-breaks accrochés (7-6, 7-6).

Nerveux et souvent dépassé par l’intensité imposée par Davidovich-Fokina, Zverev a laissé éclater sa frustration lors d’un point litigieux particulièrement décisif. Alors qu’il menait 5-4 dans la deuxième manche, l’Allemand a contesté avec véhémence une balle annoncée bonne pour son adversaire, qu’il jugeait lui largement fautive.

Un geste rare et controversé

Face au refus de l’arbitre Mohamed Lahyani de descendre de sa chaise pour vérifier la marque, conformément au règlement en vigueur depuis l’introduction de l’arbitrage électronique, Alexander Zverev a décidé de passer à l’action de manière spectaculaire. Fouillant son sac, il en a extrait son téléphone portable pour prendre lui-même en photo l’empreinte laissée par la balle sur la terre battue.

Un geste qui a évidemment fait sensation sur le court comme dans les tribunes. Car même si l’automatisation de l’arbitrage est censée réduire les polémiques, ce type d’initiative de la part d’un joueur reste rare, surtout dans un tournoi aussi prestigieux.

En conséquence, l’Allemand a immédiatement écopé d’un avertissement pour conduite antisportive, sanction logique selon le règlement ATP. Le comportement de Zverev illustre néanmoins un malaise persistant concernant la fiabilité de l’arbitrage électronique sur terre battue.

Une technologie contestée

Depuis plusieurs semaines, les critiques contre l’arbitrage électronique sur terre battue se multiplient. La surface laisse naturellement des marques visibles, ce qui complique l’acceptation des décisions automatiques, souvent basées sur des images générées par ordinateur plutôt que sur une vérification physique.

Le Français Arthur Fils, éliminé prématurément dans ce même tournoi, avait déjà soulevé le problème. « C’est horrible. Ça fait quelques semaines qu’on joue avec l’arbitrage électronique. On est sur terre, il y a des marques. Là, j’ai reçu un service deux ou trois centimètres dehors et quand tu regardes la vidéo, ça te dit que ça accroche la ligne. Je trouve ça horrible », s’était-il indigné après son match.

Ce sentiment de frustration partagée donne un écho particulier à l’incident impliquant Zverev. Il met en lumière un débat croissant dans le monde du tennis : la technologie, aussi avancée soit-elle, peut-elle véritablement se substituer à l’œil humain sur des surfaces aussi capricieuses que la terre battue ?

Un précédent avec Aryna Sabalenka

Alexander Zverev n’est pas le premier joueur à avoir recours à son téléphone en pleine rencontre pour immortaliser une marque controversée. Une semaine plus tôt, à Stuttgart, lors du tournoi féminin, Aryna Sabalenka s’était également illustrée de manière similaire.

Face à Elise Mertens en quart de finale, la Biélorusse avait pris une photo de la marque laissée par une balle qu’elle estimait mal jugée, déclenchant la colère sourde de l’arbitre. « J’ai senti que l’arbitre était furieuse à cause de la photo que j’avais prise. Quand je lui ai serré la main, c’était un regard très intéressant et une poignée de main ferme », avait raconté Sabalenka après la rencontre.

Ces gestes, certes isolés, traduisent une perte de confiance des joueurs envers l’outil censé justement apaiser les contestations. Et malgré la stricte interdiction d’utiliser un téléphone portable sur le court, leur frustration pousse parfois à enfreindre cette règle.

Une victoire précieuse malgré la polémique

Au final, l’incident n’a pas empêché Alexander Zverev de se qualifier pour les huitièmes de finale d’un tournoi qui lui réussit historiquement bien. Malgré la nervosité et le contexte tendu, l’Allemand a prouvé une nouvelle fois sa capacité à se battre dans l’adversité.

Reste que son geste pourrait laisser des traces. Outre l’avertissement pour conduite antisportive, Zverev s’expose à une éventuelle amende de la part de l’ATP, qui surveille de très près les comportements des joueurs sur le circuit. Et surtout, cet épisode relance une réflexion plus large : l’arbitrage électronique doit-il être perfectionné, ou faut-il envisager un retour à des juges de ligne, du moins sur certaines surfaces comme la terre battue ?

Le débat est désormais ouvert, et il y a fort à parier que l’incident de Madrid sera cité en exemple dans les discussions à venir sur l’avenir de l’arbitrage dans le tennis professionnel.