L’Académie de médecine vient de publier un rapport dans lequel elle attire l’attention sur la fréquence élevée des commotions cérébrales dans le sport et sur la nécessité de mieux les dépister et les suivre. Son alerte intervient au moment où l’ancien international français Sébastien Chabal confie ne plus avoir « aucun souvenir » des matchs qu’il a disputés dans sa carrière, probablement en raison des chocs qu’il a subis.
En début de semaine dernière, l’Académie de médecine a publié un rapport alertant sur la fréquence élevée des commotions cérébrales dans le sport et la nécessité de mieux les dépister et les suivre. L’institution appelle à cesser immédiatement l’activité sportive pratiquée et à prendre rapidement en charge l’athlète dès l’apparition des premiers signes d’alarme.
Les commotions cérébrales, un véritable enjeu de santé publique
Depuis plusieurs années, les commotions cérébrales font l’objet d’une surveillance particulière, étant désormais considérées comme un enjeu majeur de santé publique. Selon la définition adoptée en 2022 par le CISG (Concussion in Sport Group), elles désignent les lésions traumatiques du cerveau survenues au cours de la pratique sportive. Ces lésions peuvent être dues à un choc direct au niveau de la tête, du cou ou toute autre partie du corps, impliquant une force impulsive appliquée au cerveau.
Boxe, foot et rugby en tête de liste
Les commotions cérébrales représenteraient entre 5 et 9 % de tous les traumatismes liés aux sports. Sont particulièrement concernées les sports de combat (boxe par exemple) et de contact (rugby), les sports utilisant des objets projetés (ballon de football), des équipements spéciaux (crosses de hockey) ou supposant de grandes vitesses de déplacement (moto). Mais les traumatismes ne se limitent pas aux athlètes et aux compétitions. Ils touchent également les entraînements quotidiens et de simples pratiquants, y compris les femmes et les enfants.
Il existe des signes d’alarme
Si elle reconnait que le diagnostic des commotions cérébrales est complexe, l’Académie de médecine relève qu’il existe des signes d’alarme « souvent subtils, labiles, non spécifiques ». Comme la perte de connaissance, les crises d’épilepsie, les convulsions, la diplopie, les céphalées, la cervicalgie, les troubles de l’équilibre et de la vision, une mauvaise coordination, un regard vide ou absent et la difficulté à suivre du regard un objet mobile. L’organisme note que la présence d’un seul de ces signes impose la cessation immédiate de l’activité sportive en cours, puis une prise en charge médicale.
La répétition des commotions cérébrales expose à plusieurs conséquences délétères
Selon l’Académie de médecine, le retour à la compétition ne doit se faire qu’après la disparition de la symptomatologie et la récupération des fonctions neurologiques altérées, notamment cognitives. Cette reprise doit être autorisée par des médecins formés qui engagent leur responsabilité. En outre, l’Académie prévient contre la répétition des commotions cérébrales car elle expose à plusieurs conséquences délétères. Parmi lesquelles les troubles cognitifs légers persistants, associés à un risque de maladie d’Alzheimer, une aphasie pouvant évoluer vers la démence et un syndrome parkinsonien.
Sébastien Chabal ne se souvient plus de rien
Ce rapport de l’Académie de médecine a été publié en même temps que l’ancien international français Sébastien Chabal confiait dans un entretien publié sur YouTube n’avoir « aucun souvenir » des matchs qu’il a disputés dans sa carrière, probablement en raison des commotions subies. Plusieurs autres rugbymen, dont le Gallois Alix Popham et l’Anglais Steve Thompson, ont fait des témoignages similaires. Ils ont aussi engagé une procédure judiciaire collective contre World Rugby et leurs fédérations nationales.
Promouvoir un rugby des espaces et non des affrontements pour réduire les commotions cérébrales
Olivier Magne, un autre ancien du XV de France, affirme que la plupart des joueurs ont subi des commotions cérébrales mais qu’ils gardaient le silence jusqu’ici. Selon lui, le cas Chabal va libérer la parole. Il pense qu’il faut maintenant « essayer de trouver des solutions pour protéger les joueurs », même si certaines mesures sont déjà mises en place comme l’interdiction des plaquages en haut du corps chez les jeunes. Olivier Magne préconise un rugby « beaucoup plus à la recherche d’espaces disponibles plutôt que d’affrontements et de défis physiques ». Cela permettra d’éviter des ennuis de santé qui apparaissent en vieillissant.